La voix, première de toutes les musiques
Aux pieds d'une chanson
Transmettre l'art d'écrire
Voix, respiration et santé
La voix, première des musiques
Dès l'âge de neuf ans, j'étais soliste dans la chorale de l'église. Puis, au collège classique, je participais à tous les concours d'amateurs et en gagnais plusieurs en chantant Charles Aznavour, Gilbert Bécaud, Jacques Brel, Félix Leclerc et Elvis Presley. Parmi les chanteurs que j'écoutais dans mon adolescence et qui m'ont beaucoup marqué, il y a d'abord le chant grégorien (parfait pour stabiliser la voix), les voix d'opéra (pour leur splendide puissance) et les voix populaires comme celle, feutrée et chaude, de Johnny Mathis. Puis je me suis mis à écouter beaucoup de voix de jazz et de rythm'n'blues (pour leur sensualité et leur acrobaties rythmiques). Ma passion pour l'exploration de la voix m'est venue principalement de Bobby McFerrin (pour son ultime versatilité et son exploitation des registres, des timbres et des rythmes), d'Yma Sumac (pour son registre de cinq octaves), des voix bulgares (pour la pureté et la clarté de leur timbre) et des chants mongols et tibétains (pour leurs voix graves dont les harmoniques renferment des notes suraigues fascinantes).
C'est à force d'écouter tous les styles de voix de toutes les cultures que j'ai développé mon propre style vocal. Mon oreille est donc ouverte à 360 degrés sur tout ce que la voix humaine peut produire. C'est pourquoi, pour moi, il n'existe pas de voix qui ne soit pas « belle ». Par exemple, j aime beaucoup la voix de Tom Waits, écorchée, rude mais remplie d'harmoniques et d'émotions. Ce qui m'importe dans une voix, c'est qu'elle soit vraie, naturelle, authentique. Ce qui fait la beauté d'une voix, c'est son unicité, son originalité. J'ai toujours considéré que la voix humaine était le premier, le plus économique et le plus beau des instruments de musique. Toulmonde « a » une voix. Trouver, devenir et « être » sa voix supposent qu'on peut la « voir », la ressentir, en connaître la source et la destinée.
En tant que chanteur pédagogue, je distingue deux sortes d'ateliers : ceux que j'anime avec des chanteuses et chanteurs professionnels et semi-professionnels et ceux qui sont ouverts à un plus large public et que j'intitule La Voie de la voix. Depuis 1981 et ce, dans toutes les régions du Québec et en France, en Belgique, aux États-Unis, en République Dominicaine, au Mexique et au Costa Rica, j'ai animé cet atelier de formation personnelle auquel ont participé des centaines de personnes de métiers et de professions très variés. Aujourd'hui, je n'anime La Voie de la voix qu'à l'École d'été de Mont-Laurier en compagnie d'une vingtaine de personnes.
Quand j'ai commencé d'animer des ateliers de voix, au début des années 1980, j'avais déjà endisqué une dizaine de microsillons et chanté deux milliers de fois sur scène. Je suis devenu pédagogue par la force des choses. Des auteurs, des compositeurs et des interprètes me demandaient de leur transmettre mon expérience. En ma qualité de pédagogue, j'ai dirigé, à trois reprises, des ateliers intensifs destinés aux finalistes du Festival international de la chanson de Granby, de concert avec les compositeurs et musiciens Richard Grégoire et Michel Robidoux. En 1984, j'ai participé aux émissions De vive voix (Télé-Québec) et Les Voix multiples (Radio-Canada), en compagnie de spécialistes de la voix. En 1990, j'ai prononcé une conférence sur les pouvoirs de la voix au Musée de la civilisation de Québec. En 1993, je peaufine mon enseignement et deviens artiste pédagogue aux Rencontres internationales de la chanson francophone. J'y travaillerai pendant cinq ans avec des auteurs, des musiciens, des compositeurs et des interprètes. Aujourd'hui, c'est de manière plus sporadique que j'anime des ateliers de voix, autant avec des amateurs qu'avec des professionnels, autant en pratique privée qu'avec de grands et de très grands groupes.